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Visite du cimetière ancien de La Tronche

Visite du cimetière ancien de la Tronche

par Caroline Roussel, historienne de l’art et guide conférencière

Le cimetière ancien de la Tronche est regroupé autour d’une chapelle du XIXe siècle de style néo-roman dédiée à saint Ferjus. L’archéologue Hippolyte Müller qui y est inhumé a attesté de la présence de tombes anciennes pouvant dater du IVe siècle. Le parcours de visite rappelle l’existence des métiers de faïencier, chamoiseur et vigneron sur la commune ainsi que la présence d’artistes tels que le peintre Ernest Hébert et le caricaturiste Jean Brian. Par ailleurs reposent de célèbres bienfaiteurs tels que Jean-Pierre Jacquier ainsi que des religieux parmi lesquels le célèbre Abbé Raillane, précepteur honni de Stendhal. Inscriptions, ornements et statuaire nous renseignent sur les origines et la profession du défunt. Dès la fin du XIXe siècle le ciment moulé parvient à imiter feuillages et branches tressées dans l’art funéraire.

Samedi 20 Avril 2024 à 14h30

RDV à l’entrée du site 27-29, Av. des maquis du Grésivaudan à La Tronche
Durée de la visite : 1 h 30

Tarif  : normal  8 € – réduit 5 € (enfants -16 ans, étudiants, adhérents Asroch,  revenus minima sociaux)

Places limitées – Inscriptions obligatoires :
par courriel : saint.roch.grenoble@gmail.com
par téléphone : 07 87 63 39 83 (si répondeur, laisser un message vocal ou par sms, réponse assurée)

 

Extrait de la brochure du cimetière ancien de La Tronche rédigé par Pierre Blanc©

Le cimetière St-Ferjus est très ancien. L’archéologue Hippolyte Müller a découvert en 1909 quatre sarcophages à l’endroit de la concession Besson (A254), ainsi que des tombes anciennes, certaines de type chrétien datant du 4e s. Des ouvriers y ont trouvé aussi des monnaies allobroges.

Selon la légende, l’évêque local Ferreolus ou Ferjus aurait été assassiné en 664 à coups de perches de saule, puis jeté dans un four à chaux près de l’Isère. Ce crime aurait été commandité par Ebroïn, maire du palais en Neustrie. Il est avéré que cet Ebroïn a fait supplicier et tuer plusieurs évêques qui refusaient de se soumettre à son pouvoir centralisateur. Notre région, la Burgondie, était en effet soumise à la Neustrie depuis les batailles de Vézeronce et d’Autun (524, 534). Les Burgondes, dirigés alors par les évêques locaux, n’acceptaient pas facilement cette domination. La Burgondie sera même plus tard totalement détachée du royaume de France, plus ou moins longtemps selon les principautés qui la composaient : Bourgogne, Dauphiné ou Savoie.

Sur le tombeau de Ferreolus, une chapelle aurait été construite à cette époque, puis, sans doute au 12e siècle, une église paroissiale. Trop vétuste, l’église a été désaffectée en 1846* et remplacée peu après par la chapelle actuelle au centre de la partie ancienne du cimetière avec, à son sommet, la statue de saint Ferjus sculptée par Paul Virieu. La chapelle est construite en tuf, prélevé sur l’ancienne église et provenant sans doute de La Sône. L’église paroissiale a été transférée en 1846 sur un terrain plus central, là où elle est actuellement.

Le terrain de ce cimetière était autrefois cerné par les propriétés Barral dont le cœur était situé à l’emplacement de l’actuelle faculté de pharmacie ; bordées en amont par le chemin Duhamel, elles englobaient le terrain de l’hôpital Michallon et s’étendaient jusqu’à l’Isère. Peu avant la Révolution, la ville de Grenoble, sous l’impulsion de l’intendant royal Marcheval, avait racheté la propriété Barral et envisagé d’en faire un un jardin botanique, dont une partie sera réalisée par Dominique Villars à l’emplacement du pavillon du CHU qui maintenant porte son nom.

Initialement, le cimetière ne comprenait que le carré A, le bas étant réputé inondable. Mais, sous le Second empire, l’autorité centrale avait été assez forte pour obtenir de l’ensemble des riverains de l’Isère l’érection de digues contre les inondations. De fait, la dernière grande inondation datant de 1859, on était devenu confiant dans ces ouvrages et on n’a pas hésité à utiliser les terrains inférieurs pour agrandir le cimetière. On sait qu’à l’heure actuelle, les autorités départementales s’inquiètent d’un risque mal couvert et font entreprendre d’importants nouveaux travaux de protection.

La Tronche s’appelait St-Ferjus avant la Révolution, mais deux de ses quartiers s’appelaient la Petite et la Grande Tronche (carte de Jean de Beins, 1619, carte de Cassini, 18e s.). Ce mot dérive probablement du francoprovençal tronshe, signifiant tronc d’arbre, sur pied ou abattu, lui-même pouvant venir du latin truncare, couper. Noter qu’en 1768, Rousseau, se rendant en Grésivaudan, passe bien par La Tronche, selon le récit de Bovier**, et non par St-Ferjus. Mais effectivement, la route (royale, impériale, nationale) passait alors par la Petite et la Grande Tronche. L’avenue bordant le cimetière (RN90) ne date que de la construction du tram Grenoble-Chapareillan au début du 20e siècle.

En 1941, Grenoble a dû ouvrir un nouveau cimetière, sur le territoire de La Tronche, le Grand Sablon. On ouvrira, tout à côté, pour La Tronche, le Petit Sablon.

Les parcours de visite proposés vous feront découvrir les tombes de divers personnages, célèbres habitants de La Tronche ou notables grenoblois, ayant acquis une résidence à La Tronche, tels que, entre autres :
– Hippolyte Müller, fondateur et conservateur du Musée dauphinois
– Frédéric Taulier, maire de Grenoble
– L’Abbé Raillane, précepteur de Stendhal
– Joseph Besson, directeur du Petit Dauphinois
– Eugène Charpenay, maire de La Tronche
– Antoine Biboud, créateur des Cycles Liberia
– et bien d’autres encore…

* Le curé de l’époque était l’abbé Louis France, plus tard curé de Saint-Louis, inhumé à St-Roch.
** Gaspard Bovier a écrit le
Journal du séjour à Grenoble de Jean-Jacques Rousseau vers 1802. Il a pu donner comme nom à la commune celui de 1802 et non celui de 1768 (BMG V25047).